Témoignage d’abhyasi
La démarche de Fabrice est inédite. Il a choisi de nous
faire partager son expérience spirituelle au sein du Sahaj Marg via ce
témoignage, sachant qu’il s’exposait au feu de nos critiques. Je tiens à saluer
son acte courageux. Il ouvre ainsi un dialogue nouveau, une parenthèse dans nos
relations conflictuelles, dont la qualité peut s’avérer essentielle.
Je vous demande de respecter sa démarche, courageuse je le
répète. Son honnêteté et sa franchise appellent plus que jamais des réponses
critiques argumentées, respectueuses et dénuées de moquerie ou de jugements à
l’emporte pièce.
Elodie
Fabrice, pratiquant du Sahaj Marg depuis 15 ans et
précepteur depuis 14 ans, a dit…
FUSION DANS LE MAÎTRE = FUSION DANS L'ULTIME
La question
de la fusion dans le Maître est un sujet autant important que mystérieux. Il
m'est fait Grâce de gouter les délices de la spiritualité et c'est pure joie
pour moi que de partager cela avec tous par la Grâce et l'Amour infini de Mon
Divin Maître Chariji Maharaj.
Le désir
latent de l'âme est de retrouver sa condition originelle, son état d'équilibre
naturel autrement dit sa place dans le grand tout, son foyer originel qu'elle a
quitté pour ce présent exil.
Le Maître
spirituel est la personnification de la globalité ou de l'infini incarné dans
le fini.
Il n'est pas
vain de mentionner ici la grande tradition du Sanatana Dharma, qui
révèle la vraie nature de la fonction « Guru » ou « Maître
Spirituel » qui est une fonction cosmique du Grand Tout associée à
"l'octroi de la Grâce", cinquième élément au sein des quatre autres
qui sont: La création, le maintien, la dissolution ou résorption, la
dissimulation ou fait que la Vérité semble cachée.
La
cinquième, cause de la libération spirituelle, est relative aux âmes incarnées.
Elle est mise en action par la fonction GURU dont le sens littéral est: des
ténèbres à la lumière.
Cette
fonction cosmique dépasse de loin l'ensemble physico-psychologique dans
lequel il est incarné.
ceci
est un point très important, sensible même, c’est l’endroit où se jouent tous
les malentendus entre le Maître et le chercheur.
Pour le chercheur qui n’aborde pas la question
du Maître et du travail sur soi avec l’intellect mais sous l’angle de
l’ouverture et de l’expérimentation, l’incarnation du Principe Divin ne soulève
pas de remous autres que ceux provoqués par les remises en questions induites
par la transformation. En réalité, si le Maître n’a jamais le moindre souci à
accepter un chercheur sincère, Il a le plus grand mal à se faire accepter de
ceux qui viennent à lui par l’intellect, ce microscope qui cherche à voir la
globalité.
Avec une
telle approche, les dés sont pipés d’entrée de jeu et dès la rencontre et les
débuts, si cette approche n’est pas rectifiée, le fossé ne cessera de se
creuser entre le chercheur, (bercé d’illusions et d’idées romantiques sur la
personne du Maître, sur ce que devrait être la relation avec lui), et la
relation réelle telle que le Maître la construit, en parfait enseignant et
connaisseur de la nature humaine. Quel maître d’école changerait le contenu du
programme pour plaire à ses élèves? Il ne peut qu’adapter sa pédagogie à son
auditoire. De son côté, l’élève doit faire preuve d’un minimum de bonne volonté
s’il veut profiter du savoir du professeur. Autrement, le Maître constate qu’il
n’a pas affaire à un chercheur mais à un contradicteur.
Le chercheur
essai de jauger le Maître avec les maigres outils à sa disposition: ses propres
repères, valeurs, le produit de son vécu et de ses expériences, ce qui, dans la
psychologie yogique est nommé « samskara » et qui incluent aussi les
peurs, les blessures etc... Le chercheur ne voit du Maître que ce qu’il
connait.
Le Maître aussi essai de jauger le
chercheur avec les outils qu’il a à sa disposition: la lecture de nos corps
subtils, la vision de la chaîne de cause à effet qui font que nous sommes ce
que nous sommes.
Et
pourtant, l'incarnation du Principe suprême n’a d’autre but que de le placer à
notre niveau, sur notre plan de conscience, le plan de l’interaction avec les
mêmes outils de communication que nous. Sans cela, il ne nous serait d'aucune
utilité.
Son rôle consiste à nous élever à son
niveau c'est à dire à son propre état d'être, exactement comme un sauveteur
peut sortir quelqu'un d'un puits en lui tendant une corde. En lieu de corde, le
maître ou l'Ami Spirituel comme l'appelle Arnaud Desjardins, utilise ses
propres pouvoirs intérieurs.
Au Sahaj Marg, le travail s'effectue
pratiquement par le nettoyage des impressions du passé. Ce nettoyage provoque
progressivement la perte de la densité dans les différentes composantes
subtiles de l'individu. Ce nettoyage de nos enveloppes subtiles est une
condition indispensable pour accéder à des états d'être toujours plus subtils.
Ce raffinement de la condition intérieure peut être amenée à sa limite la plus
extrême, très loin au-delà de tous les concepts mais aussi, au delà des
enveloppes nécessaires à l'élaboration de la pensée, au delà même des
mécanismes permettant la réflexion et de ceux associés à la psyché humaine tels
que la mémoire, la volonté, l'analyse.
La
connaissance ou l'expérience supra-consciente opère à partir de ce niveau.
Autrement dit, nous avons abandonné la conscience telle qu'elle était connue
jusqu'alors avec tous ses attributs pour utiliser désormais ce qui vient après.
Cette
condition révèle également à son apogée, l'enveloppe suivante contenant l'état
d'être correspondant, nous servant de véhicule à notre marche en avant vers la
base Ultime: le centre.
Il n'y a pas
de fin au processus qui revient à réaliser la négation en soi, l'annihilation
du moindre mouvement, énergie, stimulus.
L'approche du
centre dormant où il n'y a rien, ni pouvoir, ni mouvement ni énergie, est de ce
point de vue l'achèvement du processus de raffinement poussé à la perfection ce
qui est pratiquement inconcevable pour le mental, étant donné qu'il faut s'en
être débarrassé (en réalité transcendé) bien avant ce niveau.
Comment
accéder à ce niveau sans aucun instrument, ni véhicule, là ou même le mental et
la volonté sont inopérants. Comment voler sans ailes? ou nager sans bras ni
jambes? là est le rôle du Maître.
Si quelques
individus extrêmement rare peuvent "voler sans ailes", Le maître
spirituel dans sa fonction mystique est le véhicule permettant à l'homme de se
déployer dans toutes les dimensions de l'infiniment petit et de l'infiniment
grand comme au delà du petit et du grand et du concept même d'infini.
Il ne peut y
avoir de fin à un tel déploiement. Au delà de l'au delà, tel est le
paradigme.
Il suffit
qu'une grande Âme ait accès à l'ultime pour permettre à ses frères et soeurs de
bonne volonté de faire de même. Voici le Rôle du Maître dans cette très grande,
noble et divine entreprise. sa grandeur réside dans l'immense service qu'il
nous rend par Amour, uniquement par Amour.
La
transmission pranahuti (prana=vie-ahuti=offrande) est le don de la vie. le
pranasya prana (vie de la vie) est la nourriture de l'Âme, le carburant lui
permettant de s'élever d'état d'être en état d'être jusqu'à l'état le plus
élevé accessible à l'être humain.
Le nettoyage
prépare le terrain. Elle place l'individu sur orbite. la transmission est le
moteur qui nous fait accéder à des conditions de plus en plus subtiles.
La
transmission selon Babuji Maharaj est "l'utilisation de l'énergie Divine
pour la transformation de l'homme". Elle est un outil utilisé par le
maître ayant à sa disposition ce pouvoir si particulier. C'est un accomplissement
de très haut niveau que de disposer d'un outil tel, qu’il peut réaliser en un
minimum de temps ce que des années de pratique ascétique solitaire ne peut
réaliser.
Sa
magnificence et son efficacité tiennent dans sa nature qui est divine, ce qui
signifie qu'elle provient de la dimension la plus haute (le centre). Elle est
utilisé par le Maître à tous les étages et les stades de la création pour
l'évolution individuelle des Âmes.
Comprenons
bien cette merveille qu'est pranahuti. La pensée du Maître reliée au réservoir
d'énergie tout près du centre emprunte le canal de sa Volonté pour amener tout
ce qu'elle touche à la condition désirée. La force, l'intensité de la
transmission, le niveau de subtilité à partir duquel elle opère, les centres
subtiles traversés tout comme son dosage sont autant d'éléments qui font de son
utilisation autant une science qu'un art. Celui qui en maîtrise tous les
arcanes peut être appelé Maître dans la science de l'Âme.
L'art de la
transmission est une science ancienne, qui a été sorti de l'oubli dans lequel
il était tombé par les efforts et le génie d'un Homme tel que Lalaji Maharaj
qui l'a ramené pour notre bénéfice à tous. Avant de quitter ce monde en 1931 il
transmis ce pouvoir à un disciple choisi: Babuji Maharaj qui lui aussi le
transmis à son disciple Parthasarathi Rajagopalachari, l'actuel Maître vivant.
Ils formèrent aussi des volontaires (précepteur) en qui la capacité de
transmettre le pranahuti à été ouverte pour le bénéfice des chercheurs du monde
entier. Ainsi, chaque Précepteur du Sahaj Marg détient le même outil de
transformation que le Maître lui-même. Comme si en faisant d'un Abhyasi un
Précepteur, le Maître s'était dupliqué lui-même, permettant au même pouvoir de
couler à travers son précepteur. C'est un cadeau fait à l'humanité et une
confiance placée dans ceux qu'Il appelle non pas ses disciples mais ses
associés.
La
transmission est le joyau du Sahaj Marg car elle vient du plus haut vers ce qui
est le plus bas, pour le ramener vers le plus haut sans jamais être ni
dénaturée ni contaminée par sa descente dans la matière. Au contraire, elle
rend tout ce qu'elle touche semblable à elle-même, comme la pierre philosophale
touchant n'importa quoi le transformerait en pierre philosophale! Voilà d'où
lui vient son efficacité. Néanmoins, elle refusera de travailler sur une
condition qui n'a pas été préparée, d'où l'importance fondamentale du
nettoyage. Comme dit Babuji:"transmettez à un voleur, il deviendra un
meilleur voleur. Si vous continuez à lui transmettre, il deviendra un parfait
voleur".
C'est un
autre aspect de la transmission qu'elle potentialise ce qu'elle trouve en nous.
Si elle ne trouve rien, elle accélère notre avancée au niveau suivant, puis
niveau après niveau jusqu'à sa propre source. Le nettoyage et la transmission
oeuvrent de pair, l'un préparant, l'autre accomplissant.
Mais le Sahaj
Marg recèle un autre joyau. Celui-ci ne peut être mis en oeuvre que par le
pratiquant lui-même. Cet élément est un pur joyau dont la place est située au
sommet du temple de la spiritualité. C'est l'élément majeur qui nous ouvre
l'accès au plus haut niveau, à l'achèvement et au couronnement de notre effort.
Cette clé qui nous ouvre les portes de la fusion dans l'Ultime c'est l'Amour
pour le Maître.
Que de belles
choses ont été écrites sur l'Amour entre le Maître et le disciple dans toutes
les traditions spirituelles de ce monde beaucoup de Mystiques en ont fait
l'éloge comme ste-thérèse de Lisieux, st-françois d'Assise ou st-Augustin dans
la tradition chrétienne, ou Jalal ad-din Rumi le sage de Konya plus connu
sous le nom de Rumi dans la branche mystique de l'Islam le soufisme. Dans
l'Inde D'hier comme d'aujourd'hui, il a pris le nom de Bhakti (l'Amour et la
dévotion). Lord Krishna dans la Bhagavad-gita place l'Amour au sommet, sur
toute les autres pratiques, rompant de fait avec la froideur de l'ascétisme
védique.
Hélas,
beaucoup de stupidité ont été dites sur l'Amour pour le Maître par pure
ignorance la plupart du temps. Cela a été confondu ou assimilé à des fadaises,
niaiseries à l'eau de rose, flatteries et faiblesse de la part de disciple en
quête d'affection ou encore d'un abus de pouvoir, de narcissisme de la part de
Gurus avides de pouvoirs et de renommée. De telles idées fausses ont été
propagées sans aucun discernement envers ce joyau qui n'est ni une pratique, ni
un moyen, ni une méthode, mais un feu qui nait au plus profond. C'est le cri
silencieux de l'Âme qui veut regagner son foyer originel.
L'Amour pour
le Maître est le produit fini de la lente collaboration entre le Maître
et son associé:L'Abhyasi. c'est le fruit mûr du nettoyage, de la
transmission, du travail incessant sur soi-même: sur nos peurs, nos croyances
et préjugés, nos automatismes, nos tendances diverses liées à notre passé, nos
motivations réelles, la régulation de nos désirs et de nos attentes. C'est le
pur fruit du travail sur l'acceptation de ce qui est, de ce que nous sommes, de
ce que nous traversons, sans aucun jugement de valeur envers nous-même, ni
envers les autres, c'est le fruit mûr de l'apprentissage de la compassion.
L'Amour pour le Maître balbutie avec la confiance dans le Maître quand les
effets de la transformation commencent à se faire sentir, il mûrit avec la gratitude,
s’épanouit dans la foi et l'abandon de soi à la volonté divine, culmine dans la
fusion dans l'unité, quand mon coeur et son coeur ne font plus qu'Un.
Seul le
véhicule de l'Amour peut nous emmener si loin parce qu'il est taillé sur mesure
pour ce but. J'ose affirmer sur la foi de mon expérience personnelle, qu'aucun
autre pouvoir au monde ni dans l'univers, ne peut produire ce que produit
l'Amour dans un individu.
Aimer le Maître ne signifiera jamais
aimer sa voix, sa tenue vestimentaire, ses cheveux, sa couleur de peau, sa
démarche, son sourire, sa culture...etc, etc..
Aimer le
Maître signifie vouloir devenir comme lui, vouloir atteindre le même état
d'être que lui, vouloir vivre dans la même condition spirituelle que lui.
Le Maître aussi aspire à trouver un
coeur en qui déverser son propre état d'être. En réalité il souhaite donner à
chacun, pas seulement à ses Abhyasi, mais à tous, sans exception tout ce qu'il
est et tout ce qu'il a.
Mais comment peut-il faire s'il ne se trouve pas un coeur prêt à se
donner complètement?
Nombreux hélas sont ceux qui donnent
beaucoup au Maître: argent, vêtements, bijoux, terrain pour construire un
ashram...pour des raisons diverses qui n'appartiennent qu'à eux, conscients de
n'être pas prêt ou d'avoir peur de lui donner cette petite chose qui bat au
fond de leur poitrine.
On peut tout donner pour ne pas avoir à
se donner. Donner son coeur revient à donner son être, sa vie même.
Qui a donné son coeur au Maître a tout
donné. C'est le don Ultime. le Maître le sait. C'est pour cette raison que
cette décision nous revient. La forme physique du Maître dans lequel le
principe absolu et infini est incarné nous fait craindre tant de choses...
Chacun n'a que trop fait l'expérience des amours déçues, de trahisons, de
revirements, de lâcheté d'autrui ayant brisé à de nombreuses reprises notre
coeur...Et que dire de nos lâchetés et trahisons qui ont brisé bien des
coeurs...
Mais avec le maître, il n'y a rien à
craindre parce qu'il n'y a que sa forme physique qui soit humaine l'être à
l'intérieur n'est qu'Amour infini.
Qu'advient-il de celui ou celle qui
donne sans réserve son coeur et par là même son être tout entier au Magicien
Divin?
il ou elle reçoit tout en partage.
Objectivement, l'individu continue à vivre une existence normale et
subjectivement, à l'intérieur toutes les limites ont disparu. la vie d'une
telle personne ressemble à la vie d'une goutte d'eau au sein de l'océan. Elle
est dans l'océan tout en restant une goutte. L'Âme a regagné sa source son foyer
originel.
Ceci est mon expérience de cette voie
qui a pour nom: Sahaj marg (la voie naturelle). Il y a 15 ans, j'ai abordé
cette voie, ne connaissant rien d'elle ni de ses possibilités, avec comme seul
entrain, la lecture de quelques livres qui ont imprimé dans mon esprit qu'il y
avait un but élevé à l'existence humaine, et que ce but pouvait être atteint en
quelques années de cette présente vie.
J'avais lu
aussi que cette réussite dépendait de deux choses:
1- une
volonté ferme d'y arriver
2- l'aide
d'un Maître fermement établi au plus haut niveau
Si je pouvais
travailler sur la volonté ferme, je n'avais comme seul moyen de vérifier
l'accomplissement du Maître que de faire ce qu'il me demandait et d'observer
les effets.
C'est ce que
je fis, j'eus la chance ou la Grâce de persévérer en ne sentant pas grand
chose, n'ayant jamais ni visions, ni expériences mystiques comme j'avais pu
lire dans de nombreux récits de chercheurs et de yogis. Rien...
Puis petit à petit, mois après mois, un
simple sentiment que j'étais sur la bonne voie et que je devais continuer.
14 mois après
ma rencontre avec le Sahaj Marg, je suis parti en Inde à la rencontre du
Maître. je voulais le voir, le rencontrer, et puis, le désir de le servir était
né en moi.
Le 8 Mai 1998 je suis devenu précepteur, c'est
à dire un serviteur. Il est fort probable que c'était là le moyen utilisé par
mon Maître intérieur pour me protéger de moi-même. Connaissant ma psychologie
et ma mentalité, il savait mon sens de l'engagement et des responsabilité. Le
préceptorat me protégea contre moi-même et me maintint sur la voie.
heureusement pour moi.
C'est seulement 6 ans plus tard, après
le séminaire d'été de Moléna aux USA, en présence du Maître qu'un matin, chez
moi, je ressentis pour la première fois Sa présence dans mon coeur. je
poursuivis ma quête, aspirant sans relâche à l'unité complète avec le Maître
qui entre-temps était devenu pour moi: le Bien-Aimé. j'étais devenu l'amoureux.
Trois années passèrent, en 2006 je
retournai en Inde avec un groupe de frères et soeurs de la Martinique. Le
maître était dans l'ashram himalayen de Satkhol et un petit groupe dont
moi-même était à l'ashram de Shajahanpur pas très loin de la maison de Babuji
Maharaj. Nous étions en Inde depuis 10 jours et n'avions toujours pas vu le
Maître, la seule raison de notre voyage.
En retournant vers Delhi, nous avons
fait une halte dans la ville de Moradabad où le maître passait de retour de
Satkhol, vers Delhi.
Le Maître
nous reçut dans sa chambre, nous étions une dizaine heureux enfin de pouvoir le
rencontrer et lui parler. Un peu en retrait, je le regardais parler et répondre
à telle ou telle sollicitation puis je réalisai que c'était pour vivre ce
moment, la proximité avec sa présence physique que j'avais fait tout ce voyage.
c'était le moment précis pour mettre à profit son enseignement en faisant la
chose la plus importante qu'il était venu de faire: lui donner mon coeur.
C'est ce que
je fis. Avec mon esprit, je pris mon coeur dans ma poitrine et le lui remis
sans réserve. Aussitôt, le maître leva les yeux dans ma direction, comme pour
me faire savoir qu'il avait reçu ce cadeau, le seul vrai cadeau que nous
puissions lui faire.
Donner son
coeur au Maître est une étape importante dans la vie du pratiquant. Le Maître
dit que: "la fusion dans le maître commence avec l'Amour et
l'abandon." C'est un processus très naturel.
Que reste t'il à faire après avoir
donner son coeur? Rien, il n'y a plus rien à faire...simplement continuer à
devenir ce que que nous devons devenir.
Au mois de mars 2012, sentant l’appel du
coeur, je suis retourné aux pieds du Maître à l’ashram de Manapakkam en Inde qui se situe dans l’état du Tamil Nadu
dans la banlieue de Madras. J’y ai passé des moments inoubliables que les mots
ne peuvent retranscrire.
Je
dirais simplement que je suis allé à la rencontre du Maître avec mon Coeur et
toute mon énergie rassemblée sur un seul objectif: Etre transformé, devenir
comme Lui, être UN avec Lui. je n’ai eu d’objectif que celui-là, l’objectif de
toute vraie Sadhana, l’aspiration ardente de l’Âme, à regagner le foyer
originel. J’ai vécu des moments intenses de nettoyage intérieur et de
transformation semblable au minerai qui est chauffé, porté à hautes
températures fondu, pour y extraire les scories indésirables et révéler le
métal brillant et pur.
j’ai fait des rencontres, partagé des ressentis et
expériences avec des frères et soeurs... Mais le plus important sont ces
instants passés avec le Maître dans son cottage en échangeant avec Lui juste un
regard où tout était contenu et exprimé sans avoir besoin de parler. J'ai eu la
chance de méditer tout près du Maître et de me laisser porter très loin hors de
ce monde, par le souffle divin venu de son coeur.
Je me
suis senti chanceux et béni durant tout mon séjour, même durant les moments
difficiles où tout semblait perdu, où je me sentais mal, faible et si
insignifiant comme si je n'avais rien réalisé jusque là dans ma sadhana. Je ne
supportais simplement plus que dans mon propre coeur, une mince cloison me
séparait de son coeur. Je n’avais aucun pouvoir pour l’enlever. Lui seul
pouvait supprimer cette porte invisible qui me séparait de son coeur vaste et
infini, l’ultime.
Malgré tout, sachant tout ceci comme le
travail du Maître bien Aimé, j'ai persévéré avec gratitude non sans cette
impatience douloureuse, comme une angoisse, un appel au secours qui a mûri
pendant les 10 premiers jours. Cette détresse qui occupait le champ de ma
conscience descendait progressivement dans les couches plus profondes de ma
conscience la libérant d'un fardeau qui allait s'installer au niveau
subconscient. Il y avait une certaine béatitude à expérimenter cet état de non
repos. C'était devenu mon centre de gravité pendant 10 jours priant et
attendant que Mon Maître vienne clôturer cette épisode qu'il avait lui-même
ouvert et qui se jouait entre Lui et mon Ame et puis...ayant jugé que le moment
opportun était arrivé, ce qui devait arriver arriva.
j'entamai les 5 derniers jours à Ses pieds, 5
jours comme au paradis dans l’unité avec Lui et en paix.
La vie d'un Abhyasi est ainsi, elle est
bénie de toute façon par la présence si intime du Maître. Que peut-il arriver
de mieux à une être humain que d'être placé sous le regard d'un Maître
Spirituel dont l'unique préoccupation est de faire avancer coûte que coûte son
enfant vers sa destiné divine et lui ouvrir les portes du foyer originel ?
C'est une aventure merveilleuse et passionnante qui se joue dans un lieu tout
aussi déroutant que surprenant; dont l'espace peut être rendu aussi vaste que
l'infini, le Coeur.
Il y a tant à recevoir, à donner, et à
devenir dans cette courte fenêtre de temps qu'est la vie humaine, un temps qui
passe si vite comme le sable glisse à travers les doigts. C'est cette urgence à
laquelle l'Homme de notre temps reste sourd qui a fait dire à un grand sage du
passé:
" Ô
Homme éveille-toi du sommeil de l'ignorance et réalise ta destiné Divine!"
Je confie à Elodie, mon témoignage, Je la
remercie grandement, c’est aussi grâce à elle que j’ai entrepris de partager
cela avec vous tous. Vous en ferez ce que vous voudrez.
J’ai raconté avec mes mots, mon expérience
intérieure en compagnie de cette belle voie qu’est le Sahaj Marg et de la
personne qui a rendue cela possible et que j’ai eu la chance de rencontrer: Mon
très cher et Grand Maître, mon Frère, mon Ami, Shri Chariji Maharaj: Celui qui
ne m’a jamais rien demandé, même pas de l’appeler Maître. Au contraire il a été
mon plus grand serviteur.
C’est un Maître parce qu’Il est Grand,
pour moi. Je lui doit tout ce que je suis, sans pour autant l’idolâtrer. Il me
suffit de l’aimer comme nous aimons ceux qui nous sont chers. pourquoi
aimons-nous ceux qui nous sont chers? C’est comme ça.
J’ai commencé
par accepter sa pratique, J’avais 29 ans à l’époque...puis, j’ai accepté son
enseignement. A certains moments, je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire,
même si je n’ai jamais été ni choqué ni outré par ses propos. Je l’ai souvent
trouvé courageux en entendant ses prises de position; que ce soit en Inde dans ses
discours sur la religion, sacro-sainte là-bas, ou le système de castes.
Il n’a pas ménagé non-plus les
occidentaux dans nombres de discours sur la moralité, les croyances ou les
préjugés. Mais la vérité sort de la bouche d’un Maître comme le rugissement
sort de la gueule du lion.
J’ai poursuivi et ensuite l’ai accepté
lui...et vous connaissez maintenant la suite.
Je termine ici, en disant que le Sahaj
Marg n’est pas la seule voie Spirituelle et que Chariji n’est pas le seul
Maître au service de l’humanité, tout comme Bouddha, Jésus, Mahomet, Krishna,
lao-tseu en leur temps n’étaient pas les seuls Maîtres. Il existe bien
heureusement, de grandes Âmes aujourd’hui comme hier au service de leur
semblable sur tous les continents.
Très
affectueusement,
Fabrice.