En son temps, Lalaji avait une dizaine de disciples et influençait une centaine de sympathisants tout au plus, sur une petite partie de l’état de l’Uttar Pradesh. Il était difficile de voyager, les foules n’existaient pas encore, la mondialisation encore moins.
Les leaders d’aujourd’hui n’ont
plus rien à voir avec ce modèle car leur zone d’influence s’est agrandie à la
planète entière. N’importe quel individu un tant soit peu charismatique peut
s’adresser à 7 milliards d’habitants où qu’ils se trouvent. Ainsi Chari compte
plus de 200 000 sympathisants, il a traversé le monde de parts en parts et
remodelé le Sahaj marg pour qu’il soit accessible à n’importe quelle culture.
Le leadership a changé du fait de
la mondialisation de son public. Mais plus encore, l’importance du public
influence le leader et modifie considérablement son attitude. La nature humaine
étant ce qu’elle est, même animé par les meilleures intentions du monde, nul ne
résiste indéfiniment aux attraits du pouvoir. Chacun finit par succomber à ses
charmes à des fins personnelles. Aucun leader d’aujourd’hui ne peut rester
insensible aux tentations du pouvoir.
Dès le XIXème siècle, les
anarchistes ont décrit à merveille les effets néfastes du pouvoir sur
l’individu et la société. Les courants libertaires ont proposé de refuser toute
délégation du pouvoir pour éviter qu’il ne se concentre en quelques mains. En
revanche, nos sociétés modernes ont opté avec plus ou moins de bonheur pour la
mise en place de contrepouvoirs.
Dans la sphère politique, les
démocraties modernes fonctionnent sur le principe de la séparation des
pouvoirs, sensés se contrôler les uns les autres, sans parler du quatrième
pouvoir représenté par les médias. Mais force est de constater qu’en matière de
leadership spirituel, il n’existe aucun contrepouvoir. Nulle part ailleurs le
pouvoir n’est ainsi détenu par une seule et unique personne, le gourou.
Pour Lalaji, on pouvait suivre
plusieurs maîtres et c’est ce qu’il a fait lui-même. Dans le système de Babuji,
ses disciples devaient aimer leur maître sans limites. Pour Chari, il est plus
simple d’obéir et de servir. La concentration du pouvoir a atteint son apogée.
Certes il détient le pouvoir spirituel, mais il s’est aussi efforcé avec succès
d’obtenir le pouvoir temporel. Et ses adeptes, il faut le dire, se font une
joie de le lui conférer.
Chari n’est pas le seul gourou à en user et abuser. Pour s’en convaincre, à
lire et à relire : les gourous indiens
En spiritualité, suivre un gourou c’est croire à ses promesses, mais c’est aussi et surtout le meilleur moyen d’être utilisé par lui.
Rien ne vaut la maxime anarchiste : ni dieu ni maître...
Alexis
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