Pour aborder les Occidentaux tentés par la méditation, la
Mission banalise le contenu de ses enseignements de manière à séduire le plus
grand nombre sans rebuter personne. C’est ce que décrivait en détails Alexis
dans son précédent message sur Meetup et le nouveau portail internet de la SRCM.
Si cette approche est nouvelle dans les vecteurs de
transmission qu’elle utilise (internet et réseaux sociaux), cela fait longtemps
que nous dénonçons l’appauvrissement du Sahaj Marg dans son contenu le plus
essentiel.
Le Docteur K.C. Varadachari s’inquiétait déjà en 1970 auprès
de Babuji des libertés prises par les précepteurs vis-à-vis de son enseignement.
Dès son arrivée, Chari a tout misé sur la quantité – le prosélytisme – au
détriment de la qualité. Imaginez ce que cela peut donner avec plus de
3 000 précepteurs aujourd’hui, quand il y en avait moins d’une centaine
alors.
Résultat : l’évolution spirituelle promise par le Sahaj
Marg, cette méthode unique au monde, n’est plus au rendez-vous pour la plupart
des abhyasis. Seuls quelques privilégiés bénéficient de toute l’attention du
Maître et des "bienfaits" de son enseignement spirituel.
Pour tous les autres, le commun des mortels, les effets dits
spirituels se réduisent à peau de chagrin : les bénéfices d’une méditation
ordinaire (bien-être et gestion du stress) et le sentiment d’appartenance à un groupe
(le tout est plus que la somme des parties), ce qu’ils prennent pour le côté exceptionnel
du Sahaj Marg, une expérience spirituelle soi-disant unique et inoubliable.
La mondialisation a distendu le lien traditionnel entre les
religions et leurs territoires d’origine, disait Olivier Roy. Le marché du
religieux s’est globalisé et les produits religieux n’ont plus de frontières.
Il annonçait ainsi le temps de religions standardisées, déculturées et
déterritorialisées.
Ce chercheur au CNRS précisait : « Mais,
pour qu'un produit [religieux] soit accessible partout et au plus grand nombre,
il faut qu'il soit standardisé. S'il est trop identifié à une culture donnée,
il ne se vendra pas en dehors de cette culture. D'où le phénomène de
déculturation. » (voir
article d’Alexis de septembre 2009, citant un entretien d’Olivier Roy au
journal Le Monde le 21/12/2008).
Remplacez religion par spiritualité, le constat est
identique ; puis remplacez les par Sahaj Marg et vous verrez une nouvelle
fois que rien ne change. L’évolution du Sahaj Marg et de la SRCM est un parfait
exemple de ce que décrit Olivier Roy.
Dans sa course effrénée vers l’Occident et son public New
Age, Chari a vidé l’enveloppe Sahaj Marg de tout son contenu initial. Ce
système spiritualiste et philosophique indien conçu par Babuji, mais transposé
par Chari sur tous les continents, a souffert de sa mondialisation. Il a été standardisé
pour convenir à tout le monde. En deux mots, déterritorialisé et déculturé.
L’enseignement prodigué par la Mission, Chari et ses précepteurs,
s’apparente aujourd’hui ni plus ni moins qu’à une vulgaire méthode de
développement personnel, un outil ordinaire de gestion du stress dans la
mallette du bien-être, via une technique de méditation parmi tant d’autres.
Mais c’est aussi ce que recherchent les gens aujourd’hui, qu’ils soient des Occidentaux
adeptes du New Age ou bien des Indiens déracinés et déculturés issus des
classes montantes.
La technique de méditation pratiquée aujourd’hui à la SRCM
n’offre rien de mieux que les autres. Et, comme le disait Alexis, « l’offre mondiale de techniques de méditation
est pléthorique alors que les parts du marché mondial de la méditation ne sont
pas extensibles à l’infini. »
Comment séduire et attirer de nouveaux adeptes dans ces
conditions ? D’autant plus que, contrairement à beaucoup d’autres groupes
de méditation, la Mission impose ses propres contraintes, non
négligeables : un Maître Gourou, de la discipline, l’obéissance au Maître
et le service à la Mission, par exemple. Ce n’est pas la gratuité de l’accès au
Sahaj Marg qui peut faire seule la différence et contrebalancer toutes ces
contraintes supplémentaires.
Chari et ses experts en communication et marketing ont
trouvé une solution simple : vendre leur technique enrobée d’une
philosophie New Age haut de gamme. A défaut de résultats sensibles et
immédiats, il faut produire du rêve, enrichir l’imaginaire des adeptes,
proposer un idéal pour le futur. Bref, offrir une vision du monde, c’est-à-dire
créer une religion avec son apocalypse et son avenir, son Paradis et son Enfer.
Inspirés par les thématiques New Age, ils sont parvenus à
merveille à élaborer ce mythe religieux. Une médium s’entretient au quotidien
avec Babuji, la Personnalité spéciale réfugiée dans un Monde plus lumineux (la
fameuse Région centrale que seuls deux ou trois adeptes atteindront). Cette
personnalité spéciale nous promet d’abord l’Apocalypse et tous ses avatars.
Mais elle promet aussi l’égrégore d’une élite future pour régénérer l’Humanité,
une élite déjà en formation dans son école Omega. Manière de souffler le chaud
et le froid tout à la fois.
La Mission arrive ainsi à une situation faussement
paradoxale : aux besoins spirituels de ses membres elle n’apporte plus
qu’une simple technique de méditation, mais elle développe un mythe collectif
très riche autour duquel tout le monde s’extasie. Ce n’est plus la méthode du
Sahaj Marg qui est extraordinaire et unique, c’est le mythe véhiculé
aujourd’hui par la SRCM qui séduit et fédère les adeptes. Le groupe restreint
auquel ils appartiennent devient le nouveau graal du Sahaj Marg.
Appauvrissement de la méthode, enrichissement du mythe. La
coquille est vide, mais plus elle est vide plus on l’enrobe de jolis atours
censés séduire ses partisans. Reste qu’il faut savoir les séduire sans les
faire fuir. Le mythe est riche mais dangereux et sectaire, d’où l’importance de
le diffuser progressivement, à petites doses, pour ne pas faire fuir les
nouveaux arrivants. C’est là que le groupe acquière tout son poids : il
doit être suffisamment attractif et réservé à une élite, pour que le sentiment
d’appartenance soit plus fort que tous les effets centrifuges que pourrait
provoquer la SRCM et Chari.
Ceux qui succombent à ce charme vénéneux ne peuvent plus
être séduits par la quasi absence d’évolution spirituelle liée aux méditations.
Ils succombent à la fausse croyance d’appartenir à un petit groupe d’élus en
avance sur son temps (l’expérience extatique, inoubliable et incomparable du
groupe). Alors ils font tout ce que le Gourou leur réclame : discipline,
obéissance et service.
Elodie
2 commentaires:
@ Elodie,
Bravo ! je vois que tu t'es ralliée à mes positions...
SM = 1 technique de médit + effet groupe, rien de magique donc !!!
Juste 1 bémol : le Sahaj marg s'est vidé de sa substance entre Babuji et Chari, certes, mais cette substance n'était pas bonne pour autant ...
Ca va mieux en le disant !
PS : j’ai fait 1 erreur sur les ashrams, Sundeland n’est pas ds le Maryland mais ds le Massachussetts
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