La Shri Ram Chandra Mission n'est pas la seule organisation à proposer des méthodes de méditation. La transmission dont elle est si fière se traduit souvent par un asservissement qui fait perdre tout repère et isole inéluctablement l'individu de son environnement.
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“Take criticism seriously, without anger or sadness. Use it for correcting yourself, and welcome it.”
Kamlesh Patel (1/04/2015)

12 mars 2014

Standardisation du Sahaj Marg et radicalisation de la SRCM


Pour aborder les Occidentaux tentés par la méditation, la Mission banalise le contenu de ses enseignements de manière à séduire le plus grand nombre sans rebuter personne. C’est ce que décrivait en détails Alexis dans son précédent message sur Meetup et le nouveau portail internet de la SRCM.
Si cette approche est nouvelle dans les vecteurs de transmission qu’elle utilise (internet et réseaux sociaux), cela fait longtemps que nous dénonçons l’appauvrissement du Sahaj Marg dans son contenu le plus essentiel.
Le Docteur K.C. Varadachari s’inquiétait déjà en 1970 auprès de Babuji des libertés prises par les précepteurs vis-à-vis de son enseignement. Dès son arrivée, Chari a tout misé sur la quantité – le prosélytisme – au détriment de la qualité. Imaginez ce que cela peut donner avec plus de 3 000 précepteurs aujourd’hui, quand il y en avait moins d’une centaine alors.
Résultat : l’évolution spirituelle promise par le Sahaj Marg, cette méthode unique au monde, n’est plus au rendez-vous pour la plupart des abhyasis. Seuls quelques privilégiés bénéficient de toute l’attention du Maître et des "bienfaits" de son enseignement spirituel.
Pour tous les autres, le commun des mortels, les effets dits spirituels se réduisent à peau de chagrin : les bénéfices d’une méditation ordinaire (bien-être et gestion du stress) et le sentiment d’appartenance à un groupe (le tout est plus que la somme des parties), ce qu’ils prennent pour le côté exceptionnel du Sahaj Marg, une expérience spirituelle soi-disant unique et inoubliable.

La mondialisation a distendu le lien traditionnel entre les religions et leurs territoires d’origine, disait Olivier Roy. Le marché du religieux s’est globalisé et les produits religieux n’ont plus de frontières. Il annonçait ainsi le temps de religions standardisées, déculturées et déterritorialisées.
Ce chercheur au CNRS précisait : « Mais, pour qu'un produit [religieux] soit accessible partout et au plus grand nombre, il faut qu'il soit standardisé. S'il est trop identifié à une culture donnée, il ne se vendra pas en dehors de cette culture. D'où le phénomène de déculturation. » (voir article d’Alexis de septembre 2009, citant un entretien d’Olivier Roy au journal Le Monde le 21/12/2008).
Remplacez religion par spiritualité, le constat est identique ; puis remplacez les par Sahaj Marg et vous verrez une nouvelle fois que rien ne change. L’évolution du Sahaj Marg et de la SRCM est un parfait exemple de ce que décrit Olivier Roy.
Dans sa course effrénée vers l’Occident et son public New Age, Chari a vidé l’enveloppe Sahaj Marg de tout son contenu initial. Ce système spiritualiste et philosophique indien conçu par Babuji, mais transposé par Chari sur tous les continents, a souffert de sa mondialisation. Il a été standardisé pour convenir à tout le monde. En deux mots, déterritorialisé et déculturé.
L’enseignement prodigué par la Mission, Chari et ses précepteurs, s’apparente aujourd’hui ni plus ni moins qu’à une vulgaire méthode de développement personnel, un outil ordinaire de gestion du stress dans la mallette du bien-être, via une technique de méditation parmi tant d’autres. Mais c’est aussi ce que recherchent les gens aujourd’hui, qu’ils soient des Occidentaux adeptes du New Age ou bien des Indiens déracinés et déculturés issus des classes montantes.

La technique de méditation pratiquée aujourd’hui à la SRCM n’offre rien de mieux que les autres. Et, comme le disait Alexis, « l’offre mondiale de techniques de méditation est pléthorique alors que les parts du marché mondial de la méditation ne sont pas extensibles à l’infini. »
Comment séduire et attirer de nouveaux adeptes dans ces conditions ? D’autant plus que, contrairement à beaucoup d’autres groupes de méditation, la Mission impose ses propres contraintes, non négligeables : un Maître Gourou, de la discipline, l’obéissance au Maître et le service à la Mission, par exemple. Ce n’est pas la gratuité de l’accès au Sahaj Marg qui peut faire seule la différence et contrebalancer toutes ces contraintes supplémentaires.
Chari et ses experts en communication et marketing ont trouvé une solution simple : vendre leur technique enrobée d’une philosophie New Age haut de gamme. A défaut de résultats sensibles et immédiats, il faut produire du rêve, enrichir l’imaginaire des adeptes, proposer un idéal pour le futur. Bref, offrir une vision du monde, c’est-à-dire créer une religion avec son apocalypse et son avenir, son Paradis et son Enfer.
Inspirés par les thématiques New Age, ils sont parvenus à merveille à élaborer ce mythe religieux. Une médium s’entretient au quotidien avec Babuji, la Personnalité spéciale réfugiée dans un Monde plus lumineux (la fameuse Région centrale que seuls deux ou trois adeptes atteindront). Cette personnalité spéciale nous promet d’abord l’Apocalypse et tous ses avatars. Mais elle promet aussi l’égrégore d’une élite future pour régénérer l’Humanité, une élite déjà en formation dans son école Omega. Manière de souffler le chaud et le froid tout à la fois.
La Mission arrive ainsi à une situation faussement paradoxale : aux besoins spirituels de ses membres elle n’apporte plus qu’une simple technique de méditation, mais elle développe un mythe collectif très riche autour duquel tout le monde s’extasie. Ce n’est plus la méthode du Sahaj Marg qui est extraordinaire et unique, c’est le mythe véhiculé aujourd’hui par la SRCM qui séduit et fédère les adeptes. Le groupe restreint auquel ils appartiennent devient le nouveau graal du Sahaj Marg.
Appauvrissement de la méthode, enrichissement du mythe. La coquille est vide, mais plus elle est vide plus on l’enrobe de jolis atours censés séduire ses partisans. Reste qu’il faut savoir les séduire sans les faire fuir. Le mythe est riche mais dangereux et sectaire, d’où l’importance de le diffuser progressivement, à petites doses, pour ne pas faire fuir les nouveaux arrivants. C’est là que le groupe acquière tout son poids : il doit être suffisamment attractif et réservé à une élite, pour que le sentiment d’appartenance soit plus fort que tous les effets centrifuges que pourrait provoquer la SRCM et Chari.

Ceux qui succombent à ce charme vénéneux ne peuvent plus être séduits par la quasi absence d’évolution spirituelle liée aux méditations. Ils succombent à la fausse croyance d’appartenir à un petit groupe d’élus en avance sur son temps (l’expérience extatique, inoubliable et incomparable du groupe). Alors ils font tout ce que le Gourou leur réclame : discipline, obéissance et service.


Elodie

2 commentaires:

Alexis a dit…

@ Elodie,
Bravo ! je vois que tu t'es ralliée à mes positions...
SM = 1 technique de médit + effet groupe, rien de magique donc !!!
Juste 1 bémol : le Sahaj marg s'est vidé de sa substance entre Babuji et Chari, certes, mais cette substance n'était pas bonne pour autant ...
Ca va mieux en le disant !
PS : j’ai fait 1 erreur sur les ashrams, Sundeland n’est pas ds le Maryland mais ds le Massachussetts

Alexis a dit…

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