Kamlesh Patel et
Heartfulness savent mieux que quiconque ce qu’il faut faire en ce monde. Un
article repéré par Alexis amène à réfléchir sur ces groupes qui savent tout
mieux que tout le monde :
Après Gustave Le Bon et Serge Moscovici, Ali Harb,
philosophe et écrivain libanais, s’empare à son tour des théories de la psychologie
des foules dans un livre intitulé « Le Terrorisme et ses
créateurs : le prédicateur, le tyran et l’intellectuel ».
Selon lui, les religions monothéistes et les grandes
idéologies du XXème siècle sont des doctrines du salut, des systèmes de pensée
qui prétendent détenir la vérité absolue. Le sort de ces doctrines sacrées ou
pensées fanatiques est de se transformer en régime totalitaire ou en
organisation terroriste.
Ali Harb : « L’islam
ne peut pas être réformé » in L'Orient Littéraire | Tarek Abi Samra |
13/03/2016
Extraits :
(…) Selon [Ali Harb] cet écrivain et philosophe libanais (…)
il faudrait (…) aborder l’islam (…) en tant que doctrine du salut, c’est-à-dire
comme un système de pensée qui, à l’instar du christianisme et du judaïsme,
mais également des « religions » du XXe siècle telles que le communisme et le
fascisme, prétend détenir la vérité absolue.
« (…) le
terrorisme est surtout une attitude intellectuelle, celle de l’homme qui se
croit le seul possesseur de la vérité absolue, le seul autorisé à parler en son
nom. Cette vérité pourrait relever du domaine religieux, politique, social ou
moral ; elle pourrait concerner Dieu, la nation, le socialisme, la liberté ou
l’humanisme. Le terrorisme est également une manière d’agir : celui qui se
croit l’unique possesseur de la vérité se comporte avec l’autre, le différent
ou l’opposant, en ayant recours à une logique de l’exclusion (…).
La devise du
terroriste : pense comme moi, sinon je t’accuse et te condamne. C’est en ce
sens que le terrorisme est perpétré par le prédicateur détenteur d’un projet
religieux, le tyran porteur d’un projet politique, ou l’intellectuel promoteur
d’un projet révolutionnaire pour transformer la réalité. Le prédicateur
excommunie, le tyran condamne et déclare quelqu’un comme traître,
l’intellectuel théorise et le militant ou le jihadiste agit et tue. D’ailleurs,
le sort de toute pensée fanatique, de toute doctrine sacrée, est de se
transformer en un régime totalitaire ou en une organisation terroriste. (…)
Les promoteurs des
nouveaux projets religieux ont sans doute été influencés par les exemples de
Franco, d’Hitler et de Mussolini, par leurs moyens de gouverner et leurs
techniques de contrôler les hommes en les mobilisant et les remodelant pour en
faire un troupeau scandant inlassablement un même slogan. Ce dualisme du
dirigeant déifié et de la foule qui l’adore est une création assez récente.
Mais d’un autre côté, les régimes totalitaires, malgré la modernité et la
laïcité de leurs projets, sont une rémanence de la pensée religieuse, comme en
témoigne la sacralisation de leurs doctrines et de la figure du dirigeant
unique. (…)
Toute religion
monothéiste est en soi, de par sa définition même, un réservoir inépuisable de
pratiques violentes. C’est l’une de ses potentialités toujours présentes, une
sorte de virus logé au sein de ses gènes culturels. Tant que la religion est
fondée sur l’exclusion de l’autre, sur le dualisme du croyant et de l’impie, du
fidèle et de l’apostat, il est impossible de la comprendre autrement. (…)
Par ailleurs, je suis
très critique à l’égard du concept de « tolérance », l’un des scandales de la
pensée religieuse en général, puisqu’il implique une sorte d’indulgence de la
part du croyant envers l’autre différent de lui, tout en considérant en son for
intérieur que cet autre est un pécheur, un impie et un renégat, ou même une
honte pour l’humanité. Ainsi, la tolérance annule toute possibilité de
dialogue ; seule la pleine reconnaissance d’autrui permet à quelqu’un de briser
son narcissisme, de dialoguer avec l’autre, de l’écouter et d’en tirer bénéfice
afin de créer des espaces de vivre-ensemble d’une manière fructueuse et
constructive. (…) »
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