Alexis met à jour son site
internet de présentation alternative de la Shri Ram Chandra Mission
et du Sahaj Marg. Ci-dessous un texte publié la semaine passée sur les multiples
structures de cette multinationale.
La Mission
c’est pour le moins une association mère et une vingtaine d’associations
nationales satellites, un institut de recherche, 5 fondations, une société et 2
trusts.
L’association
mère, la SRCM de Shahjahanpur (Shri Ram Chandra Mission), a été créée par
Babuji en 1945. L’Institut de recherche a été créé par le Docteur KC
Varadachari en 1965 (SMRTI
ou Sahaj Marg Research and Training Institute). La première association
satellite a été créée par Donald Sabourin au Canada en 1974 (SRCM Canada). La
première fondation a été créée par Ferdinand Wulliemier en Suisse en 1994 (SMSF
ou Sahaj Marg Spirituality Foundation). L’ouverture de l’Omega school en 2005
s’est accompagnée de la création d’une société (LMES ou Lalaji Memorial
Educational society) et d’un trust (BVET ou Baal Vatika Education Trust). Enfin
Chari a créé un autre trust pour l’édition des publications de la Mission en
2009 (SHPT
ou Spiritual Hierarchy Publication Trust) …
Longtemps en
procès avec les descendants de Babuji au sujet de la présidence de la SRCM de
Shahjahanpur, Chari a d’abord profité de ses associations nationales
satellites, et tout particulièrement de la SRCM USA, pour mettre en sécurité
son pactole. Mais depuis la création de 2 fondations d’abord aux USA en 1999
puis en Inde en 2003, il a profondément modifié l’organisation matérielle de
son empire financier, en commençant par intégrer l’Institut de recherche sans
statuts au sein des fondations. Comme si cela ne suffisait pas, Chari a trouvé
le besoin de créer la SHPT en 2009 pour recueillir l’argent gagné sur ses
publications.
Auparavant et
jusqu’à la fin des années 90, les donations, les cotisations des adhérents et
la vente des publications constituaient en proportion à peu près équivalentes
les recettes des associations locales de la Mission. Depuis la création de la
SHPT, seules les cotisations des membres adhérents continuent de pourvoir au
fonctionnement des associations locales, les fondations engrangent les
donations et la SHPT développe ses ventes.
Les donations
alimentent les fondations, qui ont pour rôle théorique d’offrir de bonnes
conditions matérielles aux abhyasis pour méditer. En pratique, elles
subventionnent très parcimonieusement l’acquisition de nouveaux ashrams, une
fois qu’elles ont apprécié les besoins et jugé que les abhyasis avaient fourni
un effort suffisamment substantiel.
Les
associations locales avec leurs assemblées générales annuelles sont jugées trop
démocratiques pour que Chari leur abandonne tant de pouvoir, bien qu’il ait
recours à toutes les astuces pour leur en ôter. A l’inverse, les fondations
n’ont qu’un vague conseil d’administration et très peu de contrôles.
Restent les LMES
et BVET pour piloter l’Omega school depuis 2005 sur lesquelles on ne
sait pratiquement rien si ce n’est la phrase de Chari à sa création : "(…) there is
no black money transaction-no trustees following the money. I'm here to see to
that."
Et la
collusion plus que probable avec certaines entreprises ! Un seul exemple,
la HTC Global Services Inc. Madhava Reddy, PDG de cette start-up créée en 1990
et qui emploie plus de 2500 personnes, est précepteur et membre du Comité de
management de la SRCM aux USA, en tant qu’audit interne. C’est le 2ème
donateur par ordre d’importance à la SMSF indienne entre 2006 et 2012 de pas
moins de 6,5 millions de dollars (et plus de 12 millions entre 1999 et 2011).
Deux de ses sous directeurs nord-américains sont donateurs et/ou adeptes de
Chari. L’ancienne patronne du Sahaj marg en Australie et membre très active du
SMRTI fut directrice de HTC dans ce même pays. Présente aux USA, en Inde, en
Australie, à Singapour et aux Emirats Arabes Unis, HTC a implanté sa principale
usine de fabrication à Chennai où elle emploie de nombreux abhyasis…
Des fondations très opaques
Ferdinand
Wulliemier a créé la première fondation en Suisse en 1994 (SMSF ou Sahaj Marg
Spirituality Foundation), Santosh Khanjee en a fait de même à Austin au Texas en
1999, puis c’est au tour de l’Inde en 2003, de Dubaï en 2004 et de Hong Kong en
2012.
Pas moins de
5 fondations que Chari présente comme une seule et même fondation, une
organisation sœur de la Mission, fenêtre ouverte sur l’extérieur, son visage
public. Il explique que tel un oiseau, le Sahaj Marg a deux ailes, la première
est spirituelle et c'est la SRCM, la seconde est matérielle et c'est la SMSF. Traduisez :
d'un côté des associations spirituelles sans le sou, de l'autre des fondations
qui gèrent foncier, immobilier et finances.
“So the Foundation will be ninety percent
oriented to social and physical life; Shri Ram Chandra Mission will be oriented
ninety-nine percent towards spirituality.”
Selon la
Mission elle-même, la SMSF indienne gère les centres de formation et de
retraite en Inde, la SMSF USA gère le centre de retraite SPURS à Austin, la
SMSF suisse gère l’ashram et centre de formation de Berlin (et peut-être aussi
l’ashram et centre de retraite de Vrads). La SMSF de Dubaï créée en 2004 gère
l’ashram de ce pays et l’ensemble des intérêts de la Mission au Moyen-orient et
en Afrique. On ne nous dit pas ce que gère la petite dernière-née, la SMSF de
Hong Kong créée en 2012, mais on peut supposer qu’elle a en charge ses intérêts
asiatiques.
A les en
croire, les fondations doivent offrir de bonnes conditions matérielles aux
abhyasis pour méditer : formation et lieux de méditation (ashrams et
centres), mais aussi une clinique de santé et des repas gratuits, etc. En
pratique, elles subventionnent très parcimonieusement l’acquisition de nouveaux
ashrams, une fois qu’elles ont apprécié les besoins et jugé que les abhyasis
avaient fourni un effort suffisamment substantiel. Elles sont aussi responsables
de la conduite des programmes dans les domaines de la formation spirituelle, de
l'éducation et de la recherche.
Face à des
associations locales jugées trop démocratiques, les fondations conviennent
mieux à Chari. Elles n’ont qu’un vague conseil d’administration et très peu de
contrôles. Ainsi, la fondation suisse Stiftung Sahaj Marg Spiritualität de
Weinfelden dont les statuts ont été déposés le 2 août 1994, actuellement
inscrite au Registre du commerce du canton de Thurgovie, dispose d’un Conseil
d’administration de 11 membres présidé par Chari dont la signature suffit pour
accéder à son compte et réaliser n’importe quelle opération. Seuls 3 autres
membres du conseil d’administration ont aussi ce privilège, mais uniquement
avec les signatures conjointes de 2 d’entre eux.
En mai 2008, lors du
Conseil d'administration de la SRCM France à Vrads, Rajagopalachari double le
montant de la cotisation française. Mais il suggère aussi de créer en toute
discrétion un Fonds international du président basé en Suisse pour rassembler
les donations petites et grandes, l'idée étant que le maître puise à volonté
dans cette cagnotte pour ce que bon lui semble. Aucune communication écrite ne
doit en être faite, mais seulement des annonces orales dans les centres pour
proposer des donations mensuelles.
Les donations
étrangères effectuées à la SMSF indienne sur 7 ans représentent plus de 28
millions de dollars (contre 3 à la SRCM), selon le FCRA du Ministère indien des
affaires intérieures entre 2006 et 2012. Ses recettes cumulées atteignent 38
millions (donations + intérêts financiers), alors que ses dépenses plafonnent à
6 millions.
Rien
d’étonnant puisque l’idée de Chari était de constituer grâce aux donations un
"Corpus fund" susceptible de générer seul des intérêts pour couvrir
la totalité des dépenses de l’organisation. Objectif atteint pour la SMSF
indienne depuis 2008 (2009 pour la SRCM) ! Mais les donations affluent
toujours…
En mars 2013,
le capital de la SMSF indienne issu de l’étranger représente 39 millions
(contre 14 à la SRCM), dont un "Corpus fund" de 34 millions (contre
10 à la SRCM).
Quel est le
montant des donations indiennes ? Quels sont les capitaux des 4 autres
fondations ? Mystère.
Si la SMSF
vit grassement de ses intérêts depuis 2007 et que les donations affluent
toujours, pourquoi ne participe-t-elle pas plus généreusement aux acquisitions
de nouveaux centres de méditation ? Pourquoi distribue-t-elle toujours ses
sous de manière aussi parcimonieuse ?
A lire aussi : [Donations
étrangères]
Des associations bien peu démocratiques
Créer une
structure locale devient indispensable quand le nombre d’abhyasis augmente et
qu’il est nécessaire d’acheter ou louer des biens (ashrams ou centres de
méditation), et d’ouvrir des comptes bancaires pour collecter les
"contributions volontaires". Depuis la création de la SRCM de
Shahjahanpur par Babuji en 1945, 2 douzaines d’associations locales ont été
constituées. La moitié d’entre elles se situent en Europe de l’ouest.
Mais le
caractère démocratique des différents types d’organisations proposés par tous
les Etats de la planète s’accorde vraiment bien mal avec le fonctionnement
d’une Mission spiritualiste comme la SRCM de Chari, totalement a-démocratique. Concilier
les deux est un travail d’orfèvre, d’où la mise en place par la SRCM d’un
guide pour créer une structure locale ad hoc.
Cette note
interne de 19 pages récapitule les principales questions à se poser pour
déterminer le type d’organisation le plus pertinent et propose des modèles de
statuts pré-rédigés. En effet, le président doit conserver le contrôle général
de l’organisation, avec la responsabilité la plus limitée possible et le moins
de risques juridiques à encourir. L’organisation doit permettre le transfert
des excédents financiers vers d’autres structures, dans et hors du pays. Habituellement
en démocratie, l’assemblée générale est plénipotentiaire. L’objectif majeur de
Chari (et de cette note) est de lui ôter tous ses pouvoirs…
Exemple
français : le Maître est le président de l’association nationale créée en
1986. C’est lui qui désigne les membres du Bureau et du Conseil
d’administration, ce qu’il appelle son Comité de management, parmi ses plus
fidèles alliés, pour la plupart des
étrangers non-résidents en France. L’assemblée générale n’a pas d’autre rôle
que d’entériner les décisions déjà prises, le comité de management n’a guère
plus de poids, c’est le maître qui décide de tout.
Or les
statuts associatifs français ne permettent pas aussi facilement un tel déni
démocratique, alors ils renvoient à un règlement
intérieur. Article 17 des
statuts déposés en 1986 : "le président qui est le véritable maître de l'Association
exercera ses pouvoirs par le truchement du règlement intérieur, qu'il peut
modifier à son gré (…)".
Lors des
assemblées générales, les membres adhérents à jour de leur cotisation sont
obligés d’entériner les décisions prises en haut lieu, sous peine de déplaire
au maître. Mais encore faut-il pouvoir y participer, surtout quand elles se
déroulent à l’étranger (celle de l'association française se déroule à Vrads au
Danemark en 2008, celle des Etats-Unis à Tiruppur en Inde en 2009, etc.). Une
habitude qui s’est généralisée du fait que Chari ne se déplace presque plus…
S’ils
parviennent à assister à l’assemblée générale, les membres ont tout de même
accès à l’exposé des comptes financiers. C’est encore trop pour Chari. Jusque
dans les années 90, cotisations, donations et vente des publications
alimentaient la trésorerie nationale à peu près à parts égales. Avec la
création des fondations qui recueillent maintenant les donations, la SHPT qui
recueille le fruit de la vente des publications, c’est 2 tiers du budget qui
échappe maintenant aux associations.
C’est encore
trop. Le Président doit également pouvoir fixer une limite maximale de retraits
sur le compte bancaire de la structure locale pour ses dépenses. Alors chaque
année, les associations soumettent un budget prévisionnel à Chari pour
approbation. Chaque trimestre, elles lui envoient un rapport d'étape. Et toute dépense
supérieure ou égale à 1 000 dollars nécessite un accord préalable de
Chari… sans parler des projets d'investissement foncier ou immobilier, bien
évidemment.
Quant aux
centres de méditation, leur budget est encore plus maigre. Lors de l’assemblée
générale de la SRCM France tenue à Vrads au Danemark en 2008, Chari a décidé
unilatéralement du doublement du montant des cotisations. Jusque-là fixées à 75
€ par membre, 15 € revenaient au centre de méditation auquel était rattaché
l’adhérent, les 60 € restant partaient au fonctionnement de la structure nationale.
A raison de dix à trente personnes en moyenne, un centre se retrouve avec un
malheureux budget annuel d'environ 300 € pour louer une salle ou en payer le
chauffage et l’électricité.
Je ne connais
les comptabilités que de 4 associations locales, les SRCM française, anglaise,
suisse et canadienne. Elles concernent à peu près 2 400 abhyasis, soit 18
à 19% des effectifs hors Inde. En comparaison, les donations effectuées par les
ressortissants de ces pays à la SMSF indienne représentent un peu plus de 19%
des donations étrangères enregistrées par le FCRA du Ministère indien des
affaires intérieures entre 2006 et 2012, si l’on ne compte pas celles des 4
plus gros donateurs (à plus de 2 millions de dollars chacun).
Selon ces
comptabilités nationales, le montant cumulé sur 7 ans des cotisations et autres
produits de ces 4 associations représente un peu plus de 5 millions de dollars.
Par extrapolation, selon qu’on raisonne proportionnellement aux effectifs ou au
montant des donations à la SMSF, on obtient un produit cumulé de 27 à 28
millions de dollars, soit à peu près l’équivalent des donations à la SMSF
indienne.
Le capital
cumulé de ces 4 mêmes associations représente près de 5 millions de dollars.
Selon les mêmes règles d’extrapolation, on atteindrait 25 à 26 millions de
dollars de capital pour l’ensemble des associations locales hors Inde. Beaucoup
moins que les 39 millions de la SMSF indienne…
A côté de ça,
la SRCM indienne a accumulé 3 millions de dollars de donations en provenance de
l’étranger sur la même période et dispose d’un capital de 14 millions au 31
mars 2013.
A lire aussi :
SHPT, un trust capitaliste pour vendre publications et collectors
Au départ, le
secteur publications de la SRCM a été créé pour diffuser les discours de Babuji
au plus grand nombre et au moindre coût. De son côté, Kasturi a poursuivi dans
cette voie. Du côté de Chari, on a privilégié la qualité et l’inflation des
coûts, sans parler des ciseaux de la censure (voir
témoignage de Michael, 3ème partie).
Au-delà des
livres et des discours, on a vu apparaître des recueils de photos (dont la
photo grandeur nature du maître) et des badges de précepteur ou d’abhyasi, etc.
Le secteur publication voulait faire du profit et en a effectivement fait, ce
qui a permis aux associations d’accroître leur financement.
Tous les
discours de Chari, ses moindres paroles, sont retranscrites, revues et
corrigées, compilées puis publiées. Chaque événement est immortalisé par un
photographe dûment accrédité, puis fait l’objet d’un album souvenir. Et du
livre ou de l’album, on est passé aux CD puis aux DVD… Les imprimeries SRCM se
sont transformées en une vaste entreprise multimédia, expédiant ses produits
marketing aux quatre coins du monde.
Pour financer
les investissements nécessaires à cette évolution, la SRCM s’est procuré une
trésorerie en proposant des abonnements à vie, d’abord pour ses différentes
publications papier, puis pour ses publications audiovisuelles, moyennant
1 000 €.
En 2005,
Chari a donné une nouvelle impulsion au secteur. Il ne s’agissait plus
d’acheter un livre, mais de faire une donation préalable de 300 €. C’était déjà
un moyen de transférer l’argent du secteur publication des associations locales
aux fondations transnationales. Deux ans plus tard, rebelote ! Pour participer
aux célébrations du 80ème anniversaire de Chari à Tiruppur et
bénéficier de son cadeau, une donation de 1 200 dollars était réclamée…
Le montant du
don a enfin fini par choquer. Une vague de protestation sans précédent s'est
emparée des abhyasis qui prenaient conscience que la Mission fonctionne à deux
vitesses : celle des riches et celle des autres. C'était la goutte d'eau qui a
fait déborder le vase.
Face au vent
de protestation, Chari a donc fait machine arrière. La participation aux
festivités devient libre. Les donations sont destinées aux fondations régionales
de la SMSF pour développer la Mission et ses activités.
On apprit
plus tard que les 300 € de 2005 permettaient aux abhyasis d’obtenir le livre «
Whispers
from the Brighter World » tandis qu’ils servaient à Chari à financer
son projet d’école internationale LMOIS, comme les vente aux enchères au milieu
des satsangs de Vrads Sande au Danemark et de Lignano en Italie. De même que
les 1 200 dollars sont destinés à un coffret de 18 DVD.
Retour à la
case départ : il faut toujours financer Tiruppur. Donc on surfe sur la vague
des collectors et des produits dérivés : vente de T-shirt spécial anniversaire
en exclusivité ou un livre inédit de photos, puis une édition spéciale commémoration
de son 80ème anniversaire, un recueil de photos et de textes de Chari entre
1983 et 2007...
Aujourd’hui,
tout nouveau projet est accompagné de ses produits dérivés chargés de financer
tout ou partie des dépenses afférentes.
Le Secteur
des publications de la Shri Ram Chandra Mission a beaucoup évolué. Les
donations ne suffisaient plus donc on a effectué des cadeaux aux donateurs pour
mieux les inciter à donner. Le mercantilisme a ainsi grignoté peu à peu le
secteur des publications, mais il s'est vraiment professionnalisé depuis 2005.
Les
mécanismes sont invariants : proposer un cadeau aux donateurs avant une date
fixée au préalable et reporter ensuite la date malgré les allégations
contraires du début. Ce qui change en revanche, c'est la multiplication des
produits dérivés et l'inflation vertigineuse des prix : photos, albums
souvenirs, badges, T-shirt, etc.
Le 1er avril
2009, Chari crée une nouvelle organisation chargée uniquement des publications
de la SRCM. Ainsi la SMSF et la SRCM ont arrêté toute activité de publication.
C'est maintenant la SHPT (Spiritual Hierarchy Publication Trust, un bien drôle
de nom) qui a pris le relais. Voilà enfin le secteur diffusion confié à une
entreprise privée ! Evidemment, les abhyasis n’ont accès à aucun de ses
comptes…
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Alexis
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