La Shri Ram Chandra Mission n'est pas la seule organisation à proposer des méthodes de méditation. La transmission dont elle est si fière se traduit souvent par un asservissement qui fait perdre tout repère et isole inéluctablement l'individu de son environnement.
La Shri Ram Chandra Mission a été classée comme secte dans un rapport parlementaire français. Avant d'adhérer, informez vous !

439 articles – 3449 commentaires – Dernier ajout le 9/09/2017

“Take criticism seriously, without anger or sadness. Use it for correcting yourself, and welcome it.”
Kamlesh Patel (1/04/2015)

19 avril 2007

Le calme après la tempête

Les mois de décembre à mars ont été marqués par une grande agitation due aux révélations - découvertes ou redécouvertes - sur l'histoire du Sahaj Marg, depuis Lalaji et ses emprunts au Soufisme et à Sant Mat jusqu'à l'invraisemblable querelle - un doux euphémisme - qui a marqué la succession de Babuji, toujours pas réglée à ce jour.

Evidemment, au bout d'un moment, la folle fébrilité engendrée par la cascade de révélations en chaîne retombe et un calme plat s'installe. L'absence - momentanée ou durable - de nouvelles révélations toujours plus extraordinaires les unes que les autres ne doit pas nécessairement nous confiner au mutisme.

Rappelez vous nos objectifs originels, la dénonciation des dérives de la Shri Ram Chandra Mission de Shri Parthasarathi Rajagopalachari, dans le vague espoir - illusoire ? - d'amener des changements de la structure, mais aussi dans l'espoir plus précis d'alerter les nouveaux venus ou les plus anciens qui s'interrogent et leur dire qu'ils ne sont pas seuls.

Beaucoup de choses ont été dites et redites, c'est vrai, mais nous avons le devoir de poursuivre notre veille et de continuer à dénoncer les dérives du Sahaj Marg de Chariji, quelles que soient leur importance, même si cela nous semble parfois bien mince par rapport à d'autres exactions passées déjà dénoncées.

Les raisons ne manquent pas, je cite en vrac et il en manque bien d'autres :

  • Le culte de la personnalité organisé par les abhyasis autour de Chariji
  • La dégradation irrémédiable de la qualité de l'enseignement au profit d'un prosélytisme numérique insatiable
  • Des appels à donations de plus en plus nombreux, avec des montants toujours plus importants et une opacité financière incomparable
  • L'interdiction de communiquer hors des canaux officiels, même si elle vient d'être levée après des années de silence
  • La mise en place d'une structure pyramidale du pouvoir sous l'autorité d'un seul
  • Le mensonge historique sur la chaîne des trois maîtres et la négation de ses origines
  • etc.

Alors oui, restons en veille, alertes et prêts à réagir.
Elodie

6 commentaires:

4d-don a dit…

Salut Elodie et tous...

Je suis d'accord et je continue mes recherches et mes temoignages sur WIKI (avec J'd'arc, et Shashwat et autres) et sur Orkut (grace a Cyril), et sur une couple d'autres sites.

Navneet nous a dit qu'il y aurait d'autre "faits" qu'il allait nous reveler. Il attend peut etre le jugement de la Cour Supreme sur la "succession".

Continuons notre "alerte" et "vigilance"!!

4d-don

Alexis a dit…

Retour de longues vacances pas désagréables...
Effectivement tout parait bien calme ! mais on sera vigilants, ne t'inquiêtes pas...
A ce propos, ce n'est plus Chari qui fait des tournées à l'étranger; maintenant il envoie son fils PR Krishna et son successeur désigné Ajay Kumar Bhatter. Ils sont actuellement en tournée en Europe. Pour relancer les inscriptions de Tiruppur, notamment !

Alexis a dit…

Elodie, je t'envoie de nouveau ma deuxième partie de l'histoire revue et corrigée du sahaj Marg et bientôt la suite...

2ème Partie : Création et diffusion du mythe fondateur
1/ Babuji, fondateur du mythe (1922-47)
a) Hésitations et tergiversations
Babuji rencontre Lalaji le 3 juin 1922 pour la première fois. Il ne le verra pas plus de 3 fois en tout et pour tout. Ses parents voient d'un mauvais œil son intérêt pour Lalaji, le disciple d'un soufi musulman. Ils redoutent une possible conversion à l'Islam.
Cependant, la fusion entre Babuji et son maître Lalaji commence au lendemain de sa mort en 1931, alors même que Babuji n'est pas précepteur, aux dires de ses multiples successeurs.
Ensuite, c'est le grand vide jusqu'en 1944, bien qu'il semble avoir fréquenté le Ramashram Satsang du Dr. Chaturbhuj et celui de Shri Krishna Lal à Sikandarabad. Il rêve aussi qu'il se rend à Kanpur, siège de la famille de Raghubal Dayal, frère de Lalaji.
Il va ainsi hésiter pendant près de 14 ans à commencer son travail.
b) La fondation du mythe
En avril 1944, Babuji prie son maître durant plusieurs jours pour qu'il lui montre la lumière, comme Moïse sur le mont Sinaï.
Dans la 2ème partie de son autobiographie publiée à titre posthume par la SRCM de Shahjahanpur, on peut lire en date du 22 mai 44 ces propos attribués à Lalaji : "Shahjahanpur will be the Centre (…) The powers of ennemies are weakened. Now they can do no harm to you (…) I am merged in you, and hence remain dependent on Him [Lalaji's Master] alone in every matter. He loves you." Puis le 30 mai suivant : "Start the organization. Begin attracting people to yourself."
Le 3 juin 1944, Lalaji dicte l'organisation à Babuji en rêve. Dans le Volume 2 de l'autobiographie de Babuji publiée par la SRCM®, on trouve en date du 6 août 1944 : Lalaji ordered. "There should be an announcement in the Bhandara that I (Lalaji) have appointed you, Ram Chandra of Shahjahanpur, as my heir-apparent and representative (…) Those who oppose you shall not derive any benefit for me." (1ère édition anglaise, p. 20).
Babuji sollicite aussi Swami Vivekananda, Lord Krishna et Bouddha lui-même dès le 14 août 1944. C'estVivekananda qui lui aurait donné ses instructions pour la création de l'emblème de la SRCM.
Le 21 juillet 1945, la SRCM est enfin officiellement constituée à Shahjahanpur et enregistrée à Bareilly (Uttar Pradesh), d'après son petit-fils Navneet Kumar Saxena. D'après la SRCM®, Babuji a conçu sa méthode de transmission à grande échelle le 3 janvier 1946, tandis que Lalaji lui dicte les paroles de la prière le 12 janvier. Enfin, il écrit son premier livre "Commentary on Ten Commandments of Sahaj Marg", qui lui aurait été dicté par Lalaji d'après l'ISRC.
2/ La diffusion du mythe de Shahjahanpur à New York (1947-74)
La diffusion s'effectue en trois étapes, d'abord dans l'Uttar Pradesh par le bouche à oreille (fin des années 40), ensuite dans le reste de l'Inde grâce aux réputations réunies de son livre et du Dr. Varadachari (années 50) puis enfin dans le reste du monde (à partir de la fin des années 60) :
- Durant la période 1948-49, diverses notabilités de l'Uttar Pradesh se rapprochent de Babuji, telles S.P. Srivastava, professeur de philosophie ou M.L. Chaturvedi, juge à la Haute cour de justice d'Allahabad, puis sa fille Kum. Kasturi Chaturvedi.
- En 1955, Babuji sort son célèbre livre "La réalité à l'aube", sa notoriété déborde l'Uttar Pradesh. Des hommes du sud le rejoignent, comme le Dr. KC Varadachari ou Raghavendra Rao du Karnataka. KC Narayana, fils de Varadachari, le rejoint aussi en 1956. La rencontre entre Babuji et le Dr. K.C. Varadachari, professeur de philosophie à Tirupati, se transforme en une profonde amitié. En 1963, K.C. Varadachari obtient la célèbre Chaire de Vivekananda à l'Université de Madras. En 1965, il crée le Sahaj Marg Research Institute, où il répand l'idée que le Sahaj Marg n'est ni plus ni moins que du Raja Yoga. Puis arrive Parthasarathi Rajagopalachari dit Chari en 1964…
- Lakshmi Narasimhan marque le début de l'internationalisation du Sahaj Marg. Il part l'enseigner à Copenhague en 1968-69. K.C. Narayana entreprend une tournée aux USA en 1971. Entre temps, Chari a été nommé secrétaire général de la mission en 1970, et il entraîne Babuji pour leur premier voyage commun en occident en 1972.
3/ Quelques éléments d'analyse
a) Rêves d'inter-communications et délires paranoïdes
L'intégralité de la passation de pouvoir entre Lalaji et Babuji repose uniquement sur les rêves de Babuji. L'accepter, c'est croire au seul récit de Babuji, c'est adhérer au principe de ses innombrables inter-communications avec un mort, en dépit de tous les faits qui nous sont rapportés.
De son vivant, Lalaji a envoyé plusieurs de ses disciples les plus fidèles répandre son enseignement sans aucune exclusivité. Il a nommé 212 précepteurs d'après son petit-fils, Dinesh Kumar Saxena, mais Babuji n'en a jamais fait partie et n'a rencontré Lalaji que 3 fois en tout et pour tout.
Enfin, les rêves de Babuji rapportés par S.P. Srivastava sont emprunts de délires paranoïdes où l'on apprend que Babuji serait entouré de concurrents et d'ennemis, qui vont jusqu'à tenter de l'empoisonner ou l'assassiner :
"Some persons, physically and socially close to Revered Lalaji, had claimed to be His representative and successor, and they were trying somewhat deliberately to harm and even do away with the physical existence of Grand Master's real representative in every possible way, including the use of certain spiritual techniques. Some other quite well advanced disciples of the Grand Master, being averse to the false claims due to obvious lack of real effect, had started setting up organisations more or less in allegiance to the Grand Master, but centred mainly around these so-called advanced disciples as visible personalities to guide the multitudes attached to them on the age-old path of spirituality, as brought to them by the Grand Master, who had passed out of physical existence on August 14/15 (midnight), 1931." (Introduction du 2ème volume autobiographique, édité par la SRCM de Shahjahanpur).
Que Lalaji soit atteint de psychose est très surprenant, au contraire Babuji semble plus coutumier du fait, comme on le verra de nouveau peu avant sa mort.
b) Les particularismes du Sahaj Marg
Les racines soufies de l'enseignement de Lalaji sont camouflées, tandis que ses liens avec le Raja Yoga sont fortement mis en valeur. Babuji transforme la "Naveen Sadhana" de Lalaji en "Sahaj Marg".
A l'inverse de Lalaji et de tous ses autres successeurs, Babuji invente l'exclusivité. Il est son seul et unique héritier. Ses disciples doivent s'attacher à un maître unique, c'est-à-dire lui-même. De son vivant, Lalaji a eu plusieurs maîtres et il a encouragé ses disciples à en côtoyer plusieurs. Face à l'ouverture d'esprit de Lalaji, Babuji crée ainsi la doctrine et jette (sans le savoir ?) les bases du culte de la personnalité qui va proliférer par la suite.
4/ Sources bibliographiques
a) Autobiographies de Babuji
- Partie I : early life, adult life, at the feet of the Master, Journal (1928 - 1932), vol. 1 1899-1932 (2nd Ed 1980 1500 copies), SRCM
- Partie II : Instructions et leçons spirituelles reçues de maîtres (Posthume, SRCM Shahjahanpur) :
* vol. 1 1944 May/Sep (1st Ed 1987 3000 copies) - Preparation
* vol. 2 1944 Oct - 1945 Mar (1st Ed 1988 3000 copies) - Declaration
* vol. 3 1945 Apr - 1955 Jun (1st Ed 1989 2000 copies) - Contribution
- Volume 2 (1ère édition anglaise), SRCM®
b) K.C. Varadachari
- Complete Works of Dr. K.C.Varadachari (Vol. 1 à 9) - Ramachandra Publishers
- Correspondances entre Babuji et le Dr. K.C. Varadachari : Letters of the Master (Vol. I & II), 1992 - SRCM®
c) Autres sources
- ISRC : http://www.sriramchandra.org/Master/BabujiMaharajStory.htm
- SRCM® : www.srcm.org et www.sahajmarg.org
- Famille de Babuji (Umesh Chandra Saxena et Navneet Kumar Saxena)
- Divers témoignages anonymes

Marie-Louise a dit…

Bonjour, Elodie...Je me permets de répondre à ton blog, car j'ai fait partie de la SHRI RAM CHANDRA MISSION, de 1988 à 1992, soit 2 années avec la Mission de Shahajanpur, ne sachant pas qu'il y avait un "Maître Vivant" du nom de Parthasarathi RAJAGOPALACHARI et 2 années avec CHARI.
Il y avait bon nombre de précepteurs en Belgique, étant donné que je suis belge, dont: Carine LEMAITRE, sa soeur Muriel LEMAITRE et leur père GILBERT LEMAITRE ; il y avait aussi Delphine SALKIN.
En ce qui concerne les précepteurs et les full-précepteurs dont je me souviens, en France, j'ai eu l'occasion de rencontrer : Jacky BARUCK et François DEROULEDE de Paris, Patrick FLEURY de Sanary-sur-mer (Var) et Madeleine, qui habitait aussi dans le Sud de la France.
Je suis allée de nombreuses fois au Château d'Augerans et j'ai séjourné en Inde, en 1991, pendant 4 semaines, ainsi qu'en 1992, pour 7 semaines et j'y ai d'ailleurs rencontré "Kasturi" qui ne m'a pas fait très bonne impression, je dois dire...Et c'est après ce dernier voyage que je me suis posé pas mal de questions et que j'ai enfin compris ! Et j'ai laissé tomber, non sans mal et sans difficultés...j'ai d'ailleurs de nombreux problèmes de santé depuis...Je te recontacterai pour te parler de mon ressenti à propos de la véritable spiritualité et de la méditation, si tu me le permets ! ? ! A bientôt, Elodie.

Très chaleureusement,

Marie-Louise.

Elodie a dit…

Bonjour Marie-Louise,
Ton témoignage m'intéresse beaucoup et intéressera certainement beaucoup nos lecteurs, bien sûr.
J'attends donc avec impatience tes impressions et ressentis.
Juste une remarque : comment as-tu fait pour ignorer l'existence de Chariji dans ces années là ? Tous les précepteurs que tu cites étaient des précepteurs de Parthasarathi Rajagopalachari.
Bien affectueusement
Elodie

Alexis a dit…

3ème Partie : Le temps des divisions (1974-2007)

Essayer d'écrire l'histoire récente avec aussi peu de recul est une gageure. Les faits qui nous sont relatés sont contradictoires, souvent impossibles à vérifier, tandis que de nombreux témoins ne se sont pas encore exprimés…

1/ Les "faits contradictoires" qu'on veut bien nous raconter…
Babuji et Chari multiplient les voyages au cours des années 70. Ils apparaîtront ensuite souvent en compagnie d'André Poray et du Dr. Hans Gangloff.
Le 3 mars 1974, Babuji nomme Chari comme son successeur devant témoins, Donald Sabourin et Kasturi. En 1976 est construit l'ashram de Shahjahanpur. Babuji porte plainte pour le vol de 4 lettres à entête de la SRCM. En 1979, Babuji confie à Narayana qu'il devra travailler aux côtés de Chari dans l'avenir. En 1980, à Munich, il déclare à JM (?) qu'il a désigné Chari comme son successeur, mais André Poray y apparaît comme un rival sérieux pour Chari. Babuji est moins disponible pour les groupes d'abhyasis et Chari devient taciturne. Toujours vers 1980, Babuji destitue Chari de toutes ses fonctions.
En 1981, les seniors précepteurs Raghavendra Rao et Ramachandra Reddy entament une tournée non officielle aux USA avec Umeshchandra Saxena, un fils de Babuji qui n'est même pas précepteur. Le 16 avril 1982, Babuji rédige pourtant une lettre de nomination de son fils Umeshchandra.
Tout devient très sombre en 1982 lors du voyage de Babuji en France. André Poray est partout en avant de la scène, Chari qui n'a pas été invité est relégué en coulisses. Babuji est très malade. Il annonce aussi à Kasturi qu'il a nommé quelqu'un sans en préciser le nom et lui dit qu'il veut aller à la police car on veut attenter à sa vie, ce qu'il ne fera finalement pas. Le 2 septembre, il écrit à MD Jahagirdar que Chari dérive de l'enseignement initial, qu'il se présente illégitimement comme son successeur et qu'il a tenté de l'empoisonner à plusieurs reprises depuis 4 ans, mais qu'il a trouvé son successeur. Il ne le nomme pas mais annonce aussi qu'il devra être accompagné par Srivastava, Narayana et Kashi Ram Agarwal ainsi que Nasib Chand.
En 1983, des messages contradictoires des différentes factions affluent, y compris des autres successeurs de Lalaji. Babuji décède le 19 avril. Chari présente aussitôt sa lettre de nomination. Raghavendra Rao et Ramachandra Reddy, avec Umeshchandra à leur tête, déclarent que la lettre de Chari est une contrefaçon. La famille de Babuji ne propose pas tout de suite Umeshchandra, mais son frère aîné Prakash, puis son petit-fils Charad. Une bataille légale pour le contrôle de l'ashram s'engage. Chari voyage à l'ouest pour y chercher des appuis.
Tout le monde se retrouve à Shahjahanpur pour l'anniversaire de Lalaji en février 1984. Un "Working Committee" est mis en place dans la foulée, les 6 et 7 février. Une tentative d'empoisonnement du clan de Chari a lieu, à ce moment là ou à un autre.
Narayana qui fait partie du comité de travail considère que la lettre du fils de Babuji est fausse et que celle de Chari est valide. Le petit-fils de Babuji reconnaît qu'il s'agit d'un faux. Kasturi se prononce en faveur de Chari. Mais le comité de travail décide de nommer Umeshchandra représentant spirituel. SA Sarnad, chargé d'informer tout le monde, envoie une circulaire à quelques centres, puis rejoint le clan de Chari, avant d'avoir fini.
SP Srivastava est nommé président du comité de travail en attendant que les esprits se calment, car le positionnement de Kasturi en faveur de Chari, entre autres, déclenche un conflit ouvert entre les factions.
Dans ces conditions, Chari constitue un autre "Working Committee" à Hyderabad où il est proclamé président. Une nouvelle SRCM californienne sera ainsi créée à San Luis Obispo.
En 1987, Chari tente de nouveau de s'emparer de l'ashram de Shahjahanpur, mais sans succès. SP Srivastava publie la 2ème partie de l'autobiographie de Babuji (1987-89). En août 1991, Narayana quitte le clan de Chari et crée l'ISRC.
En 1994, Umeshchandra Fait valoir à Srivastava sa lettre de nomination et dit que la lettre de Chari est une contrefaçon faite à partir d'un papier volé. Il accuse aussi Chari d'avoir empoisonné son père. Un senior précepteur accepte la lettre d'Umeshchandra, tous alors l'acceptent et Srivastava laisse sa place à Umeshchandra Saxena qui préside alors la SRCM de Shahjahanpur.
L'un de ses précepteurs part aux USA en 1996, crée un site internet 'sahajmarg.org' où il publie les 2 lettres de nomination d'Umeshchandra et Chari. Un conflit oppose alors les 2 SRCM sur le nom de domaine, et l'arbitrage est prononcé en faveur du clan d'Umeshchandra en avril 2000. Le clan de Chari engage alors un grand cabinet d'avocats et porte l'affaire devant la Cour fédérale de Virginie. Le clan d'Umeshchandra préfère abandonner la partie faute de moyens financiers.
En 2000, Kasturi s'oppose soudain à Chari après qu'il l'ait rejetée. Elle enseigne alors seule le Sahaj Marg de son côté à Lucknow.
Umeshchandra se déplace dans l'ashram de Shahjahanpur avec un revolver car il a peur pour sa vie. En 2003, il décède de mort non naturelle. Son fils Navnnet Kumar Saxena lui succède, mais son jeune frère est victime d'un accident de la route suspect seulement 13 jours plus tard.
Navneet Kumar lui-même est victime d'une tentative d'empoisonnement le 3 février 2006. Le clan de Chari envahit l'ashram de Shahjahanpur le 2 avril puis, après la mort du senior full précepteur Raghavendra Rao, envahit aussi celui de Raichur, AP Durai en tête le 7 mai suivant. Des témoignages en faveur du clan de la famille de Babuji apparaissent sur le web.
Fin 2006, le petit fils de Lalaji, Dinesh Kumar Saxena, précepteur de Chari mais aussi et surtout représentant de NaqshMuMRa, la lignée soufie issue de Hujur Maharaj et de Lalaji, fait son apparition sur le web. Il est bientôt suivi par un disciple de Kasturi, elle-même toujours précepteur de Chari, et par un disciple de Raghavendra Rao.
Le 18 janvier 2007, c'est au tour de Navneet Kumar de s'exprimer sur le web. Le 7 février, la Cour suprême statue : "Arguments heard. Orders reserved." Et Navneet crée son propre site le 22 février, où il publie les 2 lettres de nomination et le courrier adressé à Jahagirdar où Babuji accuse Chari de tous les maux…

2/ Décryptage de la trame historique
a) Le combat des chefs (1974-1984)
Les dix dernières années de la vie de Babuji sont particulièrement troubles. A-t-il commencé par nommer Chari pour mieux le désavouer ensuite au profit de l'un de ses fils ? On retrouve là le babuji des débuts, mystérieux et paranoïaque. Toutes les conditions sont réunies pour créer la confusion.

i. L'attrait du pouvoir
Outre les ambiguités nourries par Babuji, l'autre grande raison qui va déchaîner le combat des chefs est l'attrait pour le pouvoir.
Après des décennies de stagnation, les effectifs de la SRCM s'envolent. Si l'on en croit Chari, il y avait moins de 50 disciples à son arrivée en 1965. En 1970, le nombre de précepteurs a été multiplié par 7 et en 1983 de nouveau par 4. On arriverait alors au chiffre de 4 à 5 000 adeptes.
Babuji est désormais entouré d'une cour permanente d'adorateurs qui se pressent autour de lui. Le culte de la personnalité qu'il a contribué à créer et laissé faire ensuite produit enfin ses effets : il séduit les prétendants à sa succession.

ii. L'éclatement après l'unité
Il n'existe donc pas une, ni deux, mais trois missions qui se réclament de l'héritage spirituel de Babuji : la Mission d'Umeshchandra à Shahjahanpur, la SRCM Californienne de Chari et l'ISRC de K.C. Narayana. Sans parler des disciples de Babuji qui sont restés relativement autonomes dans leurs régions respectives, telle Kasturi à Lucknow ou Raghavendra Rao à Raichur.
Pour la SRCM de Shahjahanpur, emmenée par Srivastava, Umeshchandra Saxena puis Navneet Kumar, Babuji ne sera jamais remplacé, il ne peut y avoir de maître vivant et la SRCM doit rester à Shahjahanpur.
Pour la SRCM de Chari, il est le président et il va aussi devenir progressivement le maître vivant, successeur de Babuji. Narayana, quant à lui, accepte sa présidence mais s'oppose à son rôle de représentant spirituel. Pour lui non plus, il ne peut y avoir de maître vivant, Babuji est le seul et unique maître.

b) Le triomphe de Chari (1984-97)
i. Le fumeur de cigarettes
Chari est un homme du sud, l'un de ces fumeurs de cigarettes occidentalisés, arrivé avec les opportunistes et autres arrivistes, alors que la SRCM et Babuji devenaient célèbres.
Face aux seniors précepteurs du nord traditionnel, Chari heurte les mentalités : il est jeune, moderne et opportuniste. Le rejet par les anciens est tel qu'il va décider d'aller développer sa propre mission à l'étranger, chez les occidentaux qu'il connaît si bien.
Son succès est évident. Il a gagné la bataille des chiffres : 20 000 disciples en 1991 d'après Narayana, 50 à 55 000 en 1995-97 selon Chari.
Contrairement à l'histoire officielle, Chari n'est donc que l'un des multiples successeurs de Babuji, mais c'est celui qui a le mieux réussi…

ii. Un enseignement à la dérive
On est déjà loin du Sahaj Marg initial, méthode réputée à l'usage individuel des chercheurs spirituels. Il se pare d'un objectif à portée universelle : faire basculer le monde vers la spiritualité. Et cela ne pourra avoir lieu avant que le nombre d'adeptes n'atteigne un certain seuil obligé.
Pour réaliser ce nouvel objectif, les dix commandements sont insuffisants, il faut de nouveaux outils. La mort de Babuji vient renforcer la liberté d'action de Chari. Il a le génie de réussir à instrumentaliser le culte de la personnalité déjà sous-jacent et de reléguer les dix commandements au rang de maximes, sans provoquer l'éclatement du mouvement. La seule sortie remarquée mais tardive sera celle du fils du défunt Varadachari qui crée un mouvement dissident confidentiel.
Peu à peu, Chari modifie subtilement la prépondérance des différents outils et en crée de nouveaux. Le culte de la personnalité explose grâce à l'ambiguïté soigneusement entretenue entre maître et divin, au développement du souvenir constant et aux incitations à voir le maître. La manipulation ainsi permise est renforcée par l'incitation à tenir un journal ou encore le travail sur le caractère.
La qualité de l'enseignement est délaissée au profit d'un simple vernis. Les précepteurs subissent la pression du patron pour multiplier les nouvelles recrues. C'est l'heure du prosélytisme triomphant !

c) A la recherche d'une nouvelle respectabilité (1997-2005)
Au début des années 90, la stratégie de conquête marque le pas et le culte de la personnalité n'arrive plus à masquer ses revers (création de moutons, pas de lions). Entre 1995 et 2000, la croissance numérique s'est fortement ralentie et l'on n'atteint que 75 000 adeptes. Chari limite ses voyages à l'étranger et concentre son action sur l'Inde.
Pour relancer la croissance interrompue, il faut accroître l'efficacité et la visibilité du mouvement ainsi que sa respectabilité. C'est la dernière grande offensive de Chari : une organisation très structurée, une présence physique renforcée et de nouvelles formes d'action.
Santosh Khanjee, son éminence grise, sera le grand administrateur de cette réforme stratégique qui nécessite une réorganisation totale du mouvement et des fonds importants. A côté de la SRCM qui est censée gérer les aspects spirituels, on crée la Sahaj Marg Spirituality Foundation, fer de lance de toutes ces nouveautés. Elle investit tous azimuts, dans la recherche de nouvelles formes de prosélytisme comme dans les biens immobiliers. Elle collecte et gère les fonds nécessaires.
En 1997, la construction du Babuji Memorial Ashram actuel débute sur un terrain acquis en 1989. Les travaux du BMA prennent fin 2 ans plus tard et l'inauguration a lieu le 30 avril 1999, son coût est estimé autour de 2 à 3 millions d'euros.
La SRCM a récupéré et réorganisé le laboratoire d'idées fondé par Varadachari, le SMRTI, pour essayer de concrétiser ses idées. Son succès le plus éclatant est l'utilisation du VBSE pour la création de la très visible et respectée école LMOS inaugurée le 24 juin 2005. Ses tentatives de l'utiliser pour promouvoir la paix auprès des enfants afin de séduire les gens de l'ONU et s'acheter ainsi une conduite font froid dans le dos.
Sous couvert de formation et d'éducation, après avoir flirté avec le monde de l'entreprise dans le domaine du développement personnel, la Fondation multiplie aussi les acquisitions immobilières (centres de formation et de retraite, type CREST). Elle s'aventure même dans l'humanitaire (centres de lumières avec nourriture et soins gratuits).
En 1997, Umeshchandra Saxena, fils de Babuji, estime le patrimoine de la Mission à un milliard de roupies indiennes (près de 200 millions d'euros), avec 700 centres et 70 ashrams. En 2003, Chari annonce avoir multiplié par 3 le nombre d'abhyasis indiens en 3 ans. L'argent afflue de l'Occident vers l'Inde. Les chiffres annoncés entre 2004 et 2006 fluctuent selon les circonstances entre 200 et 300 000 adeptes avec 2 à 3 000 précepteurs.

3/ Le réveil des charognards (depuis 2005)
Chari vieillit et il en est conscient. Le 29 avril 2005, il nomme Ajay Kumar Bhatter pour lui succéder.
Mais l'histoire est un éternel recommencement. Chari va fêter ses 80 ans, il est malade et fatigué. La Mission a considérablement grandi, elle s'est enrichie. L'histoire se reproduit, les lieutenants de Chari ne sont que des opportunistes : Ajay le successeur désigné, Krishna le richissime héritier, Khanjee l'éminence grise ou bien encore Durai l'homme de mains.
Comment résister à la convoitise que provoque immanquablement ce petit empire ? Les appétits sont insatiables, il y a un tel potentiel de puissance et d'argent à portée de mains. Le petit-fils de Lalaji sort de l'ombre, des partisans de Kasturi la poussent en avant et le petit-fils de Babuji contre attaque.
Qui donc vaincra ?
Ambiance de fin de règne… ou début d'une ère nouvelle ?

4/ Bibliographie
-SRCM® : www.srcm.org
-SRCM Shahjahanpur : www.srcmshahjahanpur.org.in
-ISRC : www.sriramchandra.org
-Blog sur Kasturi : http://kasturibhenji.blogspot.com
-Blog sur Raghavendra Rao : http://makamsureshkumar.blogspot.com